dimanche 29 avril 2018

Three Little Things

Cheree Cheree Cheree

Lorsque je dormais, un rêve est apparu. Mais il teintait la vérité, la vérité si absurde qu'on avait du mal à la ségréguer de l'hallucination. Les pivipotes, c'est pour toi.

Qu'est ce que tu préfères ? Un gros truc ou trois petits trucs ?

Il y avait un monde où des enfants jouaient à ça. On tirait une carte avec un thème imposé, une phrase, une idée, et il fallait trouvait trouver ses adjacents, construisant ainsi un univers, un univers où les cartes sont uniformément répartis, un univers cohérent.

L'un deux s'appelait Cheree Cheree Cheree, adepte des cerisiers en fleurs où du moins de ce qu'on pourrait en imaginer, concept rêvé d'un Val d'Oise de l'enfance. Concept d'un enfant conçu en écoutant un album de 1978 d'un groupe appelé Suicide, un album qui parlait de Cheree, je t'adore baby...

L'univers dans lequel j'étais était beau, si beau. Ma sœur et moi, ma sœur est moi, nous courions, Ben Gourion, dans des pièges de cristal en acier, des maisons abandonnées, des ruines pleines de promesses de trésors, des moments de rêve, des tableaux criant de vérité.

Il y avait des murs qu'on abat d'une seule main, des portes fermées qui s'ouvrent d'un simple pression, et des cubes de cristal gigantesque posés l'air de rien à toute proximité.

J'avais l'impression que ce n'était que de gros trucs infranchissable pas fun du tout, mais ma sœur me poussait à aller voir ça de plus prêt, et en bon petit frère sachant que des fois on se plante sur ce que l'on pense aimer ou pas, j'y allais avec elle.

Et là, des portes de cristal couvertes d'arabesques d'une bonne centaine de mètre glissant en silence, un espace infini ou courir dans une lumière diffuse, un musée vide rempli de pas. Trois pièces successives, continues, graduelles, fond de ma conscience, fond de la conscience, gardant paisiblement les visages déformées de divinités indiennes sculptées dans une pierre de jade dense et sombre.

Ô Shiva Parvati, veillant immobile, veilleurs impassibles regardant les rebonds de ma mémoire.

Les univers paradoxaux se chevauchaient paisiblement en silence, un escalier dérobé d'un musée intimiste donnant sur une salle de bowling et une rue très commerçante, un détour de miroir donnant sur une petite rue d'un village de campagne, un ami mélangé, conscience et parti pris, folie emportée à la volée, naïveté entre les limbes, cryptogramme front national et skinhead crâne rasé, il me dit qu'être kiné c'est faisable en dormant entre deux murs suspendus. Et tout va bien sur fond d'emprise de chat de Cheshire invisible, et tout va bien, dans le meilleur des mondes...

Et là BOOOM

Retour à la réalité vraie !
Le monde est en feu ! Le monde brûle ! Éruption solaire instantanée, vague de feu dévalant sur la Terre, une Terre, une autre Terre, le cristal se brise, les gens courent dans des nuages ocres. Certains nagent, certains se distordent de terreur, sourire Munchien, certains rigolent, sourires dents cariés.

Un canapé dans le désert, un ami cours, désert nouveau, un ami court, veut se cacher, trouve une femme et son bébé dans une alcôve sous canapéculaire, se divise en deux, sourit et vois son âme s'enfuir de son corps pendant qu'il arrache le bébé se sa cachette. Exposition instantanée à une lumière ocre, et le nuage avance, et les gens nagent, et courent, et se regardent, et se sourient, et se détestent, et s'aiment, et partagent un dernier souvenir commun..

Et certains sourient...

Un gros enfant du middle west, redneck salopette, grandi trop vite, acromégalique, visage difforme comme tabassé à coup de sabot, visage brouillé, nez enfoncé et oeil brillant, instant de peur dans son visage, et beaucoup d'amour, Cheree Cheree Cheree, on se regarde.

On est deux dans le nuage, ils sont deux, restant du groupe qui jouait hier à créer des univers. Le reste est parti sauver sa peau, laissant partir ce qui est éternel. Ils ont peur et se regardent, un peu triste, et aimerait se tenir la main, face à face, seuls restant d'un cercle autrefois parfait. Le nuage approche, ils se regardent, restera l'éternel.

I remember an incredible Love....


Reveil six heures du matin.
Dépêche du matin, des scientifiques ont réussi à maintenir en vie des cerveaux de cochons décapités.


Cheree Cheree Cheree I love you
Trois petites choses et un cataclysme pour un univers tout entier.

Incredible love, an incredible love, an incredible Love



mardi 17 avril 2018


Les pensées sont dures a extraire ce matin. Mais je sens les mines de mon cerveau qui ont allumées leurs lampes à huile.
Et la pioche pioche
Et les cartes perlent en collier sur le black jack de l'imagination
Et le roi de cœur bat dans mes tempes la fièvre de l'or
Cette pépite folie qui transforme en barbu le plus glabre des instincts primales
Et la pioche pioche
Dans cette immensité vide
Sur ce tapis vert d'espoir
Et chaque coup est une année pour mes muscles durcis
La semelle de ma peau se tanne peu à peu et craquelle
Mais mon bras est un sceptre
Les efforts sont un manteau de parement
Et la pioche pioche
Sous la croûte ruisselle le flot torrentiel qui m'abreuvera
J'entends couler sa source
La galerie maintenant profonde a perdu la lumière de l'entrée
L'étincelle n'enflamme pas toujours
Et c'est dans l'incertitude du saboteur que nos pas nous portent vers l'avenir

dimanche 15 avril 2018


Il pleut Il pleut
Sur le gentil petit papy tremblotant
L'humidité lui remonte dans les pieds
Ses orteils rabougris sont tout radinés
Comme des stars sur la couverture des magazines
Comme dans leurs boites les innocentes sardines
Mais qu'y peut il ?
Lui qui marche et c'est déjà pas mal.
La rue est déserte sous ses semelles
Les rues sont souvent désertes pour les pieds tout radinés.
Après tout c'est normal,
Il a vécu lui aussi, a couru, voler
D'île en île
De marée en marée.
La vie c'est fatal
Ça dure tant que ça peut, tout autant
Ça joue, ça tourbinelle, jusqu'à l'oublie
Et puis voilà
Pour les gentils petits papys tremblotant
Un jour le temps c'est la nuit

samedi 31 mars 2018

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La violette perce la rotondité de la Terre par ses fleurs reflets de miroir. Le printemps s'y regarde et tire sur l'orbite. Et la laisse de la promenade au long du soleil se couvre de la lumière de ses rayons. Et voici la Terre qui se beigne d'or comme un Narcisse aux milles couleurs.

.7

Le chant de l'oiseau est un porte plume
Le printemps postale délivre ses lettres

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La ruche de l'attente bourdonne de mille cerveaux aux ailes battantes. C'est l'agitation permanente et sur place. Le lent mouvement du miel qui coule sur les tempes. Et l'action qui manque est un bras en moins. Et le gourmand qui dégouline à beau tirer la langue.

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Sur le dos des fourmis les carapaces numérotées en lettres de lumière portent le poids de la Terre aux abois. Et le travail qu'elles fournissent dans l'immense chantier ne comblera pas toutes les carences de nuages. Et le bleu de l'air est de plus en plus lourd. Et les fourmis croulent à bout de bras sous ce toit qui s'effondre. Et avec elles tous les autres insectes avec ou sans antennes.

.4

La barque du Nord vibre de tempête et les Vikings rameurs rament
Comme des enfants qui doivent se laver les mains avant d'aller jouer à la guerre.

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Les pierres nagent
Dans l'eau, les cataclysmes
Taillées, empilées, posées, brut
Leurs rires de quartz est sans fin
Dans le sang, les hécatombes
Elles rient en flottant
Car elles savent, elles
Qu'à la fin elles hériteront
Que vidé de Terre
Il ne restera qu'elles

.2

La ceinture d'orbite à boucle de Lune ferme la bedaine de la grosse Terre. Et tout déborde en bourrelets. Et ça dégouline des tropiques. Et ça fond des pôles. Mais le goinfre astrale qui s'autodévore est encore affamé.
Et les étoiles goût caramel tentent de fuir
Et les planètes goût pâte de poulet tentent de fuir
Mais le monstre bleu à dents de sang et d'acier lance ses fusées en lasso
Et l'Univers toile cirée sera bientôt la nappe d'un autre festin

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